« Devant la forêt se tient le gardien du seuil et la princesse…»
– Pourquoi tu commences comme ça ? Un conte, ça commence par « il était une fois » !
– Si tu veux, donc, il était une fois une princesse qui avait décidé de dévoiler la supercherie qui se cachait derrière le gros bonhomme en rouge qui se vantait être seul la nuit de Noël.
Balivernes avait rétorqué Farella, la princesse, et c’est pourquoi ce garde imprévu du père Noël était là !
Inconcevable ! avait pensé Farella en quittant fanfreluches et endossant son habit de guerrière-lumière.
Seulement voilà, elle ne s’attendait pas à ça ! Un gardien ! Non, un dragon !
Certains villageois en avaient bien parlé mais elle avait balayé leurs mises en garde.
Il était bien là devant elle, fumant, gigantesque, écailleux, vert, hérissé de piquants et… parlant sa langue, avec un accent rocailleux comme sa grand-mère qui fumait la pipe, mais bon…
– Oh femelle ! Que viens-tu faire ci-devant ? Cette forêt est sacrée et abrite les mythes, contes et légendes du monde entier. La pénétrer te vaudra d’être brûlée vive !
Pas effrayée pour deux sous, Farella, descendante de sorcières et trouvant ridicule cette ultime menace qui avait fait son temps, sortit de sous sa cape une épée elfique nommée Elfacil.
Le dragon la reconnut et pourtant, il cracha quand même un long jet brûlant.
Farella brandit Elfacil et détourna le feu mortel qui s’évapora.
Elle aurait préféré parlementer mais la bête ne faisait que griffer, mordre ou cracher son feu.
Elle s’entoura alors d’un dôme de protection et réfléchit.
Toutefois son énergie vitale baissait et la chaleur augmentait.
Acculée, elle baissa les yeux, vit le sol, terre divine, et s’illumina.
Entre deux souffles dragonesques, elle encercla le dragon de son épée, se coucha quand le cercle fut clos, sauta prestement au loin, regarda la terre s’ouvrir, le dragon s’y précipiter, le trou se combler, l’herbe y repousser et même un arbre y grandir.
Le sol trembla bien encore quelquefois des mugissements du dragon qui en était à une de ses énièmes métamorphoses.
Puis la forêt, enfin, s’éclaira, et le monde s’illumina. Le soleil et la lune se côtoyèrent à nouveau.
Farella sut qu’elle avait réussi.
Maintenant le père Noël démasqué, acceptait les forces féminines comme la vieille Babushka, oubliée en Russie.
Dominique Chailan, décembre 2021
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