Femmes et littérature: un enjeu problématique
Femmes et littérature: il y a déjà un problème dans ce titre: en effet, il signifie que les femmes ont une place à part au sein de la production littéraire. Et c’est le cas, mais c’est regrettable. Les femmes, en effet, ne sont pas considérées comme des écrivains comme les autres. Il y aurait donc une « littérature féminine », comme si ce que nous avions à dire était en marge de ce qui compte vraiment dans la marche du monde.
En juin 2022, j’ai assisté au symposium Femmes* dans la littérature, organisé par la Société suisse des auteur-e-s (A*dS). C’était un symposium suisse et il concernait la littérature suisse, mais la situation est très similaire en France. Avec des actrices des milieu littéraires du pays (écrivaines, chercheuses, éditrices), nous avons dressé ensemble l’état des lieux puis cherché des solutions.
Le plafond de verre de la littérature
Ainsi, si l’union fait la force et que nous avons, ensemble, établi une série de revendications pour changer la donne, le constat est sans ambiguïté: le plafond de verre de la littérature est bien réel. Pour te donner une idée: dans une école comme l’Institut littéraire suisse qui forme les écrivain-e-s, il y a 60% d’étudiantEs, mais elles ne sont ensuite que 36% à envoyer des manuscrits aux maisons d’édition.
Cela signifie que, pour tout un tas de raisons, les femmes n’osent pas soumettre leur manuscrit, alors qu’elles écrivent bel et bien. Et les raisons, les voici:
- Place des femmes minoritaire dans le canon littéraire (à l’école, tu l’as toi-même expérimenté, on ne lit presque que des auteurs mâles et blancs);
- Moindre visibilité et accès aux prix prestigieux pour les femmes auteures (12 Goncourt attribués à des femmes sur 115 à ce jour);
- Monde de l’édition dominé par les hommes dans les postes clés;
- Travail de care assumé majoritairement par les femmes (et donc moins de temps pour écrire);
…pour n’en citer que quelques unes.
J’ai souvent parlé ici du sentiment de légitimité. De nombreuses femmes ne se sentent pas légitimes, pas assez douées, pas assez dignes pour oser se faire lire. Mais j’aimerais que tu comprennes que cela ne vient pas de toi. C’est un système qui est responsable de ton manque de confiance en toi, pas toi.
Comment améliorer les choses?
Alors, que faire? Écris, prends confiance en toi, fais-toi lire, et inonde les maisons d’édition de tes manuscrits, ou auto-édite-toi. Rends-toi visible! La littérature a besoin de toi.
Si cela t’intéresse, on a émis ici une liste de revendications pour les autrices, à l’issue du symposium. Elles concernent les quotas, la prise en compte du travail de care, des revendications de #meetoo, et bien d’autres aspects encore de la vie d’écrivaine.