Tu es libre d’écrire ton histoire
Je reçois beaucoup cette question de mes clientes que j’accompagne individuellement: comment oser écrire son histoire sans risquer d’être jugé-e par les autres, ou pire? J’ai déjà parlé ici du regard des autres sur notre travail. Aujourd’hui, j’aimerais partager quelques réflexions avec toi, issues de mon expérience d’accompagnante à l’écriture.
Toi qui lis cet article, tu as une histoire à raconter, que ce soit la tienne, ou que ce soit de la fiction. Peu importe : les deux se rejoignent plus souvent qu’il n’apparaît et, de toutes façons, ce n’est qu’un label qui se posera à postériori ; en réalité, tu es libre de raconter ce que bon te semble, surtout dans la première phase de ton écriture, à savoir le premier jet.
Comment dépasser ses peurs
Mais tu as peur de te lancer, pour toutes sortes de raisons : peur du regard des autres, de ne pas savoir écrire, que ce ne soit pas intéressant, de ne pas réussir à te motiver pour terminer.
Je comprends ces peurs. Mais j’aimerais te dire que, même si elles existent, ton histoire est importante, car elle peut en révéler d’autres, et inspirer un grand nombre de personnes. Et le meilleur moyen de se libérer de ses peurs, c’est de se lancer. Dis-toi que pour le premier jet, personne n’a besoin de savoir ce que tu fais. Je donne d’ailleurs souvent ce conseil: quand tu commences à écrire, ne fais pas relire ton texte à n’importe qui. Et parle-en seulement aux personnes qui te soutiendront.
Raconte ton histoire pour te libérer: les mots sont magiques
Grâce à ton histoire, tu peux te réinventer. Car les mots sont magiques; je ne suis pas la seule à le dire. Dans son merveilleux livre sur la créativité, Comme par magie, vivre sa créativité sans la craindre, Elizabeth Gilbert raconte cette incroyable anecdote que je résume ici:
Un jour, elle eut l’idée d’écrire un roman qui l’enthousiasmait: il se passait au Brésil dans les années soixante et racontait le chantier d’une autoroute à travers la forêt amazonienne. Mais un drame personnel empêcha Elizabeth Gilbert d’écrire cette histoire. Quelques temps plus tard, une amie écrivaine qu’elle n’avait plus revue depuis longtemps lui parla, lors d’un dîner, du livre qu’elle écrivait: il s’agissait d’une histoire qui se passait au Brésil dans les années soixante et qui racontait le chantier d’une autoroute à travers la forêt amazonienne…
Par cet exemple, Elizabeth Gilbert veut illustrer ceci: les histoires existent, au même titre que ce qui nous entoure. Elle ne demandent qu’à être écrites. Ainsi, si tu as une idée, une inspiration, n’attends pas trop: elle pourrait être racontée par quelqu’un-e d’autre un de ces jours. Et si tu veux écrire ton histoire personnelle, sache que tu es unique, et que ton point de vue l’est aussi: il est donc forcément intéressant.
Ecrire des histoires pour se réinventer
Les mots sont magiques, parce qu’ils permettent d’inventer des réalités, d’amener dans notre plan de vie des idées; de créer, véritablement, des univers. Que tu racontes ta vie ou d’autres vies, ils permettent de se réinventer. On n’est pas loin, ici, de la thérapie: combien de gens, en racontant leur histoire à leur thérapeute, ont pu se sentir mieux en l’explorant pour l’envisager sous d’autres angles? L’écriture est proche de la relation thérapeutique, en ce sens qu’elle permet cette exploration et cette réinvention de soi.
De plus, l’histoire de vie, disent Gaston Pineau et Jean-Louis Le Grand dans Les histoires de vie, est une «recherche et [une] construction de sens à partir de faits temporels personnels, elle engage un processus d’expression de l’expérience». Les auteurs expliquent que l’histoire de vie permet de donner la parole à des entités qui n’ont pas toujours l’occasion de s’exprimer. L’histoire de vie a donc une valeur performative qui donne «l’accès au statut de personne».
Et plus tu écriras ton histoire, tes histoires, plus tu libéreras ta parole, ta voix, et trouveras ton style.