Vie professionnelle et écriture: un vaste sujet. Pour les femmes, la « conciliation » n’est pas un mot inconnu… Ajoutons à cela une vie familiale bien remplie, pour certaines, et on arrive à la quadrature du cercle. Le travail de l’écrivaine, en effet, requiert un investissement certain. Mais comment y parvenir quand on a une vie déjà saturée par les obligations?
Tout plaquer pour devenir écrivaine? Ce serait si beau. Malheureusement, écrivain n’est pas un métier reconnu comme tel. On le perçoit comme une vocation, pas comme un vrai travail. Le vrai travail? Le travail salarié. Le reste? Il faut s’y adonner quand on peut… par exemple à la retraite.
Et puis, il y a le fait qu’écrire, c’est se retrouver seule face à soi-même. Exactement ce que bien des gens essaient de fuir, en travaillant beaucoup, par exemple.
Le travail d’une vie de Toni Morrison
Avant de te donner quelques conseils pour parvenir quand même à te lancer dans l’écriture – car, n’est-ce pas, il faut bien faire bouillir la marmite – laisse-moi te parler de la grande Toni Morrison.
Cette immense écrivaine, récemment décédée, a marqué la littérature contemporaine américaine au point de se voir décerner, en 1993, le Prix Nobel de littérature. Pourtant, de son travail d’écrivaine, Toni Morrison disait:
Je n’ai pas le loisir d’écrire régulièrement.
Mason Currey, Daily Rituals: How Artists Work
Toni Morrison, en effet, a élevé seule ses deux fils, en plus d’avoir un travail à plein temps. Outre le fait qu’elle a mis très tôt sa carrière littéraire en priorité, refusant bien des occasions sociales liées à la promotion de ses livres, par exemple, elle écrivait beaucoup le soir, quand ses enfants étaient couchés. Plus tard dans sa vie, elle préféra se lever à 5h du matin pour le faire.
C’est là une partie du secret de sa réussite. L’autre, c’est la manière dont elle entrait dans l’écriture: elle refusait de se laisser ruminer. Au contraire, elle écrivait tout de suite, ayant mûri ses idées dans la journée, quand elle s’adonnait à ses tâches quotidiennes. Car elle n’avait simplement pas la possibilité de faire autrement.
4 conseils pour te mettre à écrire même si tu as un job
Voici donc mes 4 conseils pour t’aider à y parvenir, toi aussi.
1. Planifier de courtes sessions de travail d’écriture
Tout d’abord, et pour éviter procrastination et angoisse de la page blanche, je te conseille d’aménager de courtes sessions d’écriture. Quinze minutes 3 à 4 fois par semaine peuvent suffire pour commencer. De plus, le mieux est d’agender ces plages de travail, pour éviter de les oublier. Dans une journée déjà bien remplie, c’est une tendance qui nous rattrape vite.
Tout cela te permettra ainsi de prendre confiance en ta plume et en ton projet car, jour après jour, tu verras les mots s’aligner.
Et je te conseille de t’y adonner sans trop réfléchir. Laisse venir ce qui vient. Tu pourras toujours revoir ton manuscrit dans un second temps.
Encore une chose: si tu n’es pas certaine de savoir par quoi commencer, ou dans quel projet te lancer… commence n’importe où! Quelle que soit la porte que tu ouvres, elle te mènera quelque part. Et si tu as besoin d’un coup de pouce, tu peux lire mon article « 3 conseils pour se lancer dans l’écriture d’un texte quand on n’a pas d’idées » ici.
2. S’aménager un vrai coin à soi pour entrer dans son rôle d’écrivaine
Si tu en as la possibilité, aménage-toi un coin à toi pour écrire: une petite table avec tes objets préférés, ou un bureau, si tu le peux. Tu préfères écrire sur le canapé du salon? Tu peux rassembler quelques objets autour de toi qui t’aideront à te mettre dans le processus d’écriture. Et si tu n’as pas la possibilité de t’aménager un espace chez toi, tu peux aussi te servir d’un objet: un beau carnet ou encore une tenue qui te fait te sentir écrivaine… Certes, cela peut paraître futile et anodin, mais ces objets, ces rituels autour de l’écriture t’aideront à te sentir investie dans le processus et dans les buts que tu t’es fixés.
3. Savoir saisir certains instants – ou la force du premier jet
On sous-estime la force d’un premier jet. On parle souvent retravailler ses textes jusqu’à la perfection, surtout si c’est pour les publier. Mais souvent, le premier jet, qui nous vient d’instinct pour peu qu’on applique le conseil n°1 ci-dessus, est puissant et rempli d’un sens inestimable. Ne le méprise pas! Car tu peux faire beaucoup en peu de temps. Même sur un coin de table.
4. S’accorder des « rendez d’artiste »
Enfin, je ne saurais assez répéter que prendre du temps pour soi, même une heure par semaine, pour ne rien faire d’utile, pour se distraire, est salutaire. Non seulement cela te donne l’occasion de prendre soin de toi et de ton artiste intérieure, mais encore cela va te permettre de dégager de l’espace mental. Et, quand notre cerveau est rongé par le travail, c’est crucial, non?
À tes merveilleux projets! Le monde en a besoin.